Avril 2016, Bienvenidos a México !


Tandis que notre départ des États-Unis approche, il nous reste un parc national que nous tenons absolument à voir : celui de Séquoia National Park. Nous quittons la plaine californienne et ses vergers pour rejoindre de nouveau la montagne. Plus nous montons en altitude, plus la végétation prend de la hauteur jusqu'à atteindre la forêt des énormes Séquoias. Quelques flocons de neige nous accueille, ce seront les derniers pour nous cette année. Bien que grands, ces Séquoias sont plus petits que ceux que nous avions découverts à Redwood dans leur parterre moussu. Par contre, ce qui frappe vraiment, c'est qu'ils sont énormes, massifs et trônent en généraux dans la forêt depuis des milliers d'années. Ce n'est pas pour rien que les plus gros s'appellent Général Grant et Général Sherman. Certains conseillent de prendre les arbres dans leur bras pour se reconnecter avec la nature. Nous avons donc appris à nous démultiplier pour leur faire un gros câlin !

Faisons la ronde dans le jardin des grands séquoias !

En quittant cette forêt extraordinaire, une odeur caractéristique vient chatouiller nos narines de retour dans la plaine. Les orangers et les citronniers sont en fleurs et cette forte odeur sucrée nous fait rouler les vitres grands ouvertes pour apprécier ce parfum. De quoi nous rappeler que nous devons acheter des oranges dont nous nous régalons depuis que nous sommes en Californie. Organiques ou pas, comprenez bio ou pas, elles n'ont aujourd'hui plus de pépins et il nous tarde un peu de manger de "vrais" fruits... Nous sommes dans la bonne direction ! 

En passant par Big Sur...

Nous retraversons la Californie dans sa largeur pour rejoindre la côte Pacifique et prendre la Highway 1 entre San Francisco et Los Angeles. Cette côte est magnifique et particulièrement sauvage jusqu'à se rapprocher de Los Angeles. La période touristique a commencé, la route est chargée et les possibilités de se trouver un petit coin pour la nuit sont assez limitées, mais pas impossibles à trouver ! Toutefois, alors que nous arrivons à la fin de nos six mois de visa B2, nous ressentons plutôt le besoin de nous arrêter pour de vrai, pour une nuit ou deux, voire plus. Pouvoir ouvrir la tente devient une nécessité, dormir à l'intérieur de la voiture devient difficile avec les températures qui montent qui montent.... 

Côte Californienne Américaine

Nous quittons de nouveau la côte pour les terres où la densité humaine change du tout au tout. Ainsi nous trouvons un campement à quelques kilomètres d'un petit village au milieu de nulle part. Une épicerie pour acheter quelques vivres si besoin, une bibliothèque pour se connecter à internet, un magasin automobile histoire d'acheter de l'huile moteur... Nous n'avons pas besoin de plus et prenons notre temps pour préparer notre passage de la frontière tout en économisant nos derniers dollars.

La place, à l'ombre de grands arbres, nous offre des nuits paisibles et de belles journées pas trop chaudes. Elle devient l'endroit idéal pour notre grand ménage de printemps et notre changement dans l'organisation de la voiture. Nous n'allons pas garder nos skis prêts à servir par exemple ! Allez hop, le temps de les farter pour les ranger, nous les glissons sous notre matelas dans la tente de toit ! Nos vêtements d'hiver passent sous les vêtements d'été dans notre coffre après avoir fait un tri et quelques re-essayages. Allons savoir pourquoi, un des collants de ski d'Alex me va maintenant et un des miens sera à lui pour le prochain hiver ! Non non rassurez-vous, Alex n'est pas descendu en dessous de 55 kilos ! Et je suis loin d'atteindre les 80 kilos ! En faisant notre tri, nous constatons vite que finalement, nous mettons très souvent les mêmes choses et que ça en fait des choses superflues... 

En mode grand rangement !

Après un entretien intérieur, il est temps de passer à l'entretien général de Pépère. Comme tous les 10000 kilomètres, c'est l'heure de la vidange ! Nous pouvons aujourd'hui la faire n'importe où sans laisser une goutte au sol ! Dans le même temps, nous changeons les roues de place afin d'égaliser leur usure. Étant donné que la fuite du pont dans le moyeu avant gauche a repris malgré le fait que nous ayons changé le joint en novembre, Alex se lance dans un gros nettoyage du disque de frein car nous sommes dans l'impossibilité d'ouvrir davantage pour fixer le problème pour le moment. Une fois les mains sales, il est temps d'attraper la pompe à graisse pour les croisillons, roulements, lames et rotules. Et nous finissons par inverser nos deux batteries pour que ça ne soit pas toujours la même connectée à la batterie auxiliaire et autres éléments. Comme à chaque fois, une fois que c'est fini, nous ressentons une grande satisfaction d'avoir pris soin de notre Toyota. C'est juste moins agréable en reprenant la voiture de se rendre compte qu'il n'y a plus de frein malgré la purge et qu'un bruit de courroie détendue se fait entendre ! Rien de grave, c'est juste la vis inférieure de maintien de l'alternateur qui a cassé... Il ne suffit que de la remplacer ! Et pour les freins ? Ben on purge et re-purge... Mais c'est partie pour une super purge ! 

Une fois prêts, il ne nous reste plus qu'à traverser l'agglomération de Los Angeles puis de San Diego avant d'atteindre le poste frontière le plus traversé du monde. Il est dimanche, c'est très calme de ce côté-ci de la frontière. Rien de mieux pour pratiquer notre espagnol qu'une frontière déserte et des douaniers qui ont tout leur temps ! Première étape des formalités, la voiture passe au scanner et je dois descendre de la voiture. Alexandre avance Pépère jusqu'à sa zone de "mise à nu" et j'entends ensuite de grands éclats de rire. Alex qui ne trouve pas ses mots en espagnol fait bien rire les douaniers et l'atmosphère se détend tandis qu'ils continuent leur travail d'inspection. Après 18 mois à pratiquer notre anglais de manière intensive, nous repartons au point de départ avec notre espagnol peu frais ! Dès que nous commençons une phrase en espagnol, elle commence plutôt bien. Puis un mot en anglais s'y glisse, puis un autre... Et les douaniers finissent par nous parler en anglais directement... C'est frustrant ! En attendant, notre espanglais est malgré tout efficace puisque nous obtenons notre visa touristique de 6 mois ! Même si beaucoup d'américains fréquentent la Baja, ici c'est espagnol qu'on parle ! Notre cerveau va devoir s'y faire de construire des phrases 100% espagnoles, et vite por favor ! 

Une fois au Mexique, nous nous rendons alors compte que nous avons oublié de laisser aux douaniers américains la carte justifiant notre départ des États-Unis. Il va falloir nous trouver un moyen d'accéder aux douanes américaines alors que nous sommes du mauvais côté. Ce n'est pas possible en voiture, des milliers de voitures attendent pour passer aux États-Unis. Il faudra rejoindre le poste à pied ! Le calme du poste de douane mexicain contraste totalement avec l'ambiance qu'il règne dès que nous rentrons dans Tijuana. Après avoir tourne un peu perdus dans les rues de Tijuana, nous trouvons un parking, Alex reste à la voiture, nous restons sur nos gardes tout en nous sentant un peu bêtes d'être méfiants. C'est peut-être à tort, en fait nous ne connaissons rien de ce pays. Nous avons tous les sons de cloche quant à la "dangerosité" du pays, il est temps que nous prenions nos marques par nous-mêmes ! Je me dirige vers les queues de voitures qui attendent leur passage. Et me voilà à passer entre les voitures, me frayant un passage pour arriver jusqu'aux douanes. Je me retrouve au milieu de dizaines de mexicains qui sont là pour vendre churros, tacos et tout autre de choses aux voyageurs en transit. Forcément, en me rapprochant des postes d'inspection, un officier américain m'interpelle. Il doit bien se demander ce que je fais là ! Je lui tends nos cartes en lui expliquant le problème (là les mots anglais viennent tous seuls bien sûr...) et nonchalamment, il me prend les cartes. C'est bon, tout est en règle ! 

Nous ne nous éternisons pas à Tijuana afin de nous avancer un maximum, loin de la frontière et nous trouver une place pour notre première nuit au Mexique. En fonction des lieux, aux États-Unis ou au Canada auparavant, ce n'est pas toujours facile de trouver un coin pour s'installer pour la nuit. Alors, dans un nouveau pays, c'est bon de s'y prendre un peu à l'avance ! Ce nouveau pays nous fait perdre tous les repères que nous nous étions construits jusqu'à maintenant. Même Tijuana et Enseñada qui sont des villes proches de la frontière sont bien mexicaines. Comme nous avons passé la frontière sans produits frais, notre estomac n'a pas perdu ses marques lui. Première étape, des courses ! Les bases : avocats et citrons verts, pain et papaye ! Nos papilles se délectent d'avance de tous ces mets que nous allons savourer ici ! Il est dimanche, les gens sont dans les rues ou apprécient de se promener le long du Pacifique. De étals proposent des crustacés ou des noix de cocos bien appréciables par des températures qui nous semblent estivales. Forcément que le contraste est fort pour nous qui étions il y a alors deux semaines les pieds dans la neige !

Un petit coin pour la nuit avec vue sur le Pacifique

Une fois que notre ventre ne crie plus famine, nous jetons un coup d'œil à notre carte où une route quitte la route principale pour rejoindre le Pacifique. Là, nous prenons conscience qu'une route secondaire est en réalité une piste et bien habitués à avoir toujours des indications, nous hésitons à nous y engager. "Tu es sûre que c'est là ? Fais moi voir la carte !" "Mais si c'est là ! Enfin... Je pense !"... En tout cas, la piste est belle et nous permet de rejoindre l'océan et ses vagues rugissantes. Nous sommes trop contents d'avoir trouvé ce coin même si la berceuse des grosses vagues toute la nuit n'a pas été des plus douces ! Sur la route du retour, nous croisons de nombreux mexicains qui ne sont pas avares en salutations. Tombant sur une vieille Toyota parquée sur le bord de la route, son propriétaire est sous la roue avant droite et essaie de fixer son problème d'amortisseur qui est complètement sorti de son axe. Le temps de lever la voiture, de sortir outils et quelques vis, d'échanger quelques mots faciles à comprendre grâce au contexte mécanique, il est prêt à repartir sur la piste avec un amortisseur qui tient et nous nous sentons tous contents d'avoir rendu service. Les paysages de cette première partie de la Basse-Californie sont bien verts et les cultures maraichères bien arrosées compte tenu des récentes pluies. La piste elle-aussi est pleine de flaques profondément boueuses et très vite, Pépère revêt une sorte de tenue camouflage qui nous fait dire qu'au moins comme ça nous serons plus discrets et peut être un peu moins gringos !?

El Niño a été généreux en eau ces derniers temps !

Il est vrai que nous ne sommes pas forcément à l'aise en arrivant au Mexique. Les grands bonjours des Mexicains nous confortent dans l'idée que nous sommes les bienvenus et c'est ce qui compte ! Bien que nous resterons toujours des blancs dans ce pays riche de son métissage, nous espérons ne pas être perçus que comme des touristes. En tout cas, nous prenons nos marques dans notre vie de tous les jours au Mexique qui prend réellement des allures de vraies vacances. C'est un rythme que nous n'avons pas vraiment connu ces deux dernières années de vie nomade. Ici nous ressentons réellement la possibilité de nous arrêter et de prendre notre temps... 

Le vol tranquille et silencieux du pélican délicat

Balbuzard pêcheur, the osprey, à l'heure du repas

Nous nous mettons au rythme du spectacle de la faune qui nous entoure, les baleines s'approchent et sortent le nez tout en semblant se frotter le ventre sur le sable à une trentaine de mètres de la plage. Puis viennent les grands plongeons des pélicans et les ballets aériens des balbuzards pécheurs qui initient leur petit à l'envol du nid. Un de nos meilleurs souvenirs pour le moment reste notre virée en kayak au plus proche d'une mère dauphin et son petit venus chasser en eau peu profonde. Jusqu'à ce qu'Alex se fasse piquer par une raie amatrice des eaux chaudes de la Mer de Cortez, et ce, malgré ses tongs de sécurité ! Le Mexique ?! Ça pique ! 

Plage sauvage de la Punta Chivato, nous ne sommes pas bien là ?

Entre les plages du Pacifique à l'Ouest aux plages de la Mer de Cortez à l'Est, la Baja est un grand désert et à la fois une immense forêt de cactus, magnifique à traverser. La température est telle que nous ne préférons pas vraiment nous y installer et recherchons l'air que nous pouvons trouver sur les côtes. D'une plage à une autre, nous retrouvons Mathieu, Jeanne et leurs deux garçons que nous avions rencontrés en Utah. Notre voyage nous fait une belle surprise en ces terres du Mexique : nous lâchons prise et vivons l'essentiel : manger, se baigner, pêcher, apprécier ce que nous vivons sur ces plages de rêve avant d'aller nous reposer pour la nuit... 

Muchos besos de México !

A très bientôt,

Les Galopères.



Après 6 mois de voyage aux États-Unis, la suite continue sur notre nouveau site www.legaillardgalopere-au-mexique.blogspot.com

Mars 2016, une fin d'hiver à la mode californienne !


Après la Death Valley et ses 36°C, quoi de plus normal que d'aller chercher plus au nord du froid et de la neige ?... Non sérieusement, nous n'étions pas encore prêts à supporter des températures estivales en plein mois de février ! Il ne nous a pas fallu longtemps pour retrouver du frais dès que nous avons quitté la Vallée de la Mort par le Nord. Sur la Sierra Nevada, une nouvelle tempête est venue rapporter quelques flocons sur ces montagnes, véritable barrière naturelle orientée Nord-Sud, située à l'Est de la Californie. Impossible pour nous de la traverser étant donné qu'en période hivernale la majorité des routes sont fermées. Nous longeons donc la Sierra vers le Nord où nous espérons bien trouver un peu plus de neige pour retourner skier ! Les skis sont toujours stockés dans leur housse fixée aux barres de toit, le long de la tente, prêts à servir ! 

A l'est de la Sierra Nevada, se trouve Mono Lake, un des plus vieux lacs des États-Unis

Nos photos de Mono Lake sont ici

Malheureusement, du côté du Lac Tahoe, réputé pour ses stations de ski, l'enneigement n'est pas tel que nous l'imaginions et la neige a pris un sacré coup avec des températures déjà printanières. Mémorable, nous retiendrons le souvenir d'avoir croisé la légende du ski Glen Plake, l'homme à la crête colorée ! Nous ne l'avons pas croisé sur les planches mais en train de vider ses eaux grises à la station de vidange, faute d'avoir eu des journées de ski inoubliables dans ce coin de Californie ! Laissant Glen dans sa situation merdique, nous avons prévu d'aller encore plus au Nord, jusqu'en Oregon, se rapprochant un peu plus de Whistler où la saison est parfaite cette année ! Nos amis là-bas se régalent et nous sentons bien en nous une forte envie d'y retourner, pour la neige mais surtout pour partager avec eux de belles journées de ski !... Mais ce ne sera pas possible et il va bien falloir que nous pensions à prendre la route du sud... 

En route vers le nord en longeant la Sierra Nevada !

Faute de trouver de la neige, nous redécouvrons la pluie dans le nord de la Californie. Cela faisait longtemps que la météo ne nous avait pas contraints dans notre "programme". Du coup, nous mettons le cap vers l'Océan Pacifique et sa forêt de grands arbres. Quitte à avoir de la pluie, autant que ce soit lorsque nous serons au cœur de la forêt des Sequoias Sempervirens, les plus grands arbres de la Terre ! L'Océan est magnifique, ses vagues sont énormes et furieuses en fonçant tout droit sur la côte comme s'il était en colère. En face de lui, la forêt est comme un immense mur végétal qui capte toute l'humidité ambiante. Nous comprenons pourquoi les arbres font plus de 100 mètres ici et vivent jusqu'à 2000 ans. En tout cas, mouillés nous le sommes et les hautes ramures de la forêt de Redwood ne nous protègent pas vraiment. Bras dessus bras dessus, nous voici tous les deux sous notre fidèle parapluie jaune à se promener en mode "I'm singing in the rain" dans la fraîche "ambiance tropicale" de la Côte Pacifique !

Ils ont beau être grands ces Sequoias, ils ne protègent pas beaucoup de la pluie !

Nos photos de Redwood sont dans l'album "Les géants de la côte Pacifique"

Malgré un certain renoncement à skier, nous avons quand même eu le nez fin de prendre la direction du nord. Nous voulions absolument rejoindre Crater Lake, ce Parc National d'Oregon où nous n'avions pas eu le temps d'aller avant de rejoindre le Yellowstone. Crater Lake fait lui aussi partie de la chaîne de volcans des Cascades, tout comme le Mont Baker, le Mont Rainier et le Mont St Helens que nous avions découverts en octobre. En arrivant à Crater Lake, nous grimpons en altitude et nous voyons l'accumulation de neige augmenter de chaque côté de la route. Nous nous retrouvons de nouveau en plein hiver, dans l'un des lieux peu habités les plus enneigés des États-Unis. Jusqu'à 13 mètres en cumulé sur l'hiver ! La pluie de la côte s'est transformée en neige et nous n'avons plus qu'à chausser les skis de nouveau pour partir dormir sur les bords du cratère. Aussitôt arrivés, nous obtenons un permis "Wilderness" pour la nuit. Dans la foulée, nous sortons de nos coffres la tente, les tapis de sol, les duvets, le réchaud et de quoi se faire une bonne grosse soupe avant de charger nos sacs à dos. La tempête de neige offre une accalmie pendant moins de 24 heures, c'est le bon moment !
 
Après des jours de tempête de neige, le lac le plus profond des États-Unis se dévoile !

La neige est excellente sous nos skis, légère à souhait et l'ambiance est magique dans ce paysage qui se dévoile de son brouillard, presque juste pour nous, sous le feu des projecteurs du coucher du soleil. Nous savons d'avance que la nuit ne sera pas terrible, nous ne dormons jamais vraiment bien en montagne... Peu importe, nous sommes vraiment en veine ce jour-là, les photos parlent mieux que mes mots... Je peux juste dire que nous avons très mal dormi, même très très mal dormi, mais c'est vite oublié avec le coucher et le lever de soleil magnifiques que nous avons eu. Puis, réglée comme une horloge, nous laissant tout juste le temps d'arriver à la voiture pour tout ranger, la tempête de neige a repris de plus belle et le panorama n'est devenu qu'un épais brouillard blanc... Un joli moment passé dans notre halte la plus au nord pour 2016. Maintenant, il va falloir prendre la direction du sud ! 

Lueurs du soir sur les crêtes du cratère. Pas mal la vue du balcon, non ?

Il n'y a pas de mots...

Plus de photos de Crater Lake ? C'est ici

La Chaîne des Cascades est décidément une chaîne de montagne où nous avons de très bons souvenirs. Au sud de Crater Lake, c'est le Mont Shasta qui trône sur les terres nord-californiennes du haut de ses 4317 mètres. Alors que le prix des stations de ski en Californie grimpe au-dessus de 100 dollars la journée, la petite station de Mont Shasta et son tarif journalier de 39 dollars est pour nous une invitation à s'offrir une journée en station. Ça ne fait pas de mal de temps en temps de juste chausser les skis sans se poser trop de questions ! Il faut juste penser à bien s'assoir sur le siège, les garde-corps n'existent pas dans cette station ! La neige n'est pas ce qu'il y a de meilleur mais quelques passages dans les bois sont un régal ! Une bonne journée qui perdure le lendemain avec des courbatures d'un autre monde à avoir fait chausser les cuisses en descente, ce qui ne nous était pas arrivé depuis un bon moment ! 

En mode montée sur le flanc sur du volcan Shasta

Nous laissons les douleurs musculaires se dissiper pendant une journée avant de chausser de nouveau les skis. Cette fois, c'est pour se rapprocher du sommet du volcan à travers de magnifiques combes. Le vent a soufflé de longues journées auparavant et la face sud du volcan est vierge de toutes traces. Nous ne pourrons pas faire ce jour-là les 2000 mètres d'ascension jusqu'au sommet. Nous nous arrêtons 1000 mètres en dessous, le sommet paraît encore si loin, là où la neige s'est accumulée avec le vent, formant comme d'énormes champignons. Qu'est-ce que c'est beau et finalement pas si frustrant puisqu'à la descente la neige est devenue tellement lourde et collante que nos cuisses nous remercient de nouveau de ne pas avoir voulu en faire trop ! Nous nous doutons bien en quittant Shasta que nos skis ne nous resservirons plus maintenant... Après tout, nous ne savons pas quelles sont les conditions plus au sud. Autant les garder à disposition en cas et par optimisme ! 
 
Dernier regard sur le Mont Shasta, nous quittons alors la Chaîne des Cascades... 
 
Découvrez notre album "Neiges fraîches du Mt Shasta"
 
Notre nouvelle halte n'a toutefois plus rien d'hivernal puisque nous prenons la direction de San Francisco en traversant les régions de vergers et de vignobles. Le printemps s'installe maintenant, les arbres bourgeonnent et les fleurs diffusent une bonne odeur sucrée qu'apprécient les colibris, dans les parcs de la ville. Nous sommes quand même en mars et nous nous rappelons les fameuses giboulées... 

Bien souvent des les brumes, le pont du Golden Gate est la porte d'entrée nord de San Francisco

En laissant la voiture au nord du pont du Golden Gate pour rejoindre San Francisco, il valait mieux se munir non pas d'un mais de deux parapluies ! Il nous a bien fallu chacun le nôtre avec les averses que nous avons eu ! Nous arpentons les rues de San Francisco et même à pied, les démarrages en côte sont difficiles sur les nombreuses collines de la ville ! Après plus de 20 kilomètres dans la ville, il est temps de retraverser le pont pour rejoindre notre pépère... Mais la porte est close, après 21 heures il est trop tard ! Attendre le bus ? Faire du stop ? Ça ne marche pas vraiment ici... Par contre, nous n'aurions vraiment pas imaginé qu'un policier nous propose de faire le taxi pour passer de l'autre côté ! Après avoir chargé nos sacs dans son coffre, nous nous sommes installés à l'arrière, derrière les grilles et le policier est même venu nous ouvrir les portes pour descendre, sécurité oblige ! 

Après une journée à pied, nous étions curieux de revenir conduire dans les rues de San Francisco !

Et nous serons même passés dans la Lombard Street, une des "routes les plus sinueuses du monde" !

Plus de photos dans notre album "Quand on arrive à San Francisco !"

Notre périple étant loin d'être une ligne droite vers le sud, nous sommes repartis vers les montagnes, à l'ouest de la Sierra Nevada où la vallée glaciaire du Yosemite dévoile ses trésors de granite. L'appel de la montagne est si fort que nous rechargeons nos sacs à dos pour passer deux nuits sur les hauteurs de la vallée où la neige est encore bien présente. Une nouvelle épopée de Carlos et Maïté commence sur les chemins du Yosemite, l'altimètre sur ma montre ne grimpe pas bien vite alors que notre corps tout entier, jambes, hanches, dos, épaules... réclame la pause ! A croire qu'il ne faudrait jamais s'arrêter de marcher dans la vie ! Sans rire, c'est bien cela la recette car au bout de trois jours, c'est bon, nous courrons de cailloux en cailloux, se sentant beaucoup plus légers. Nos nuits en montagne ne sont toujours pas réparatrices mais nos levers et couchers de soleil font toujours aussi bien oublier l'effort et la fatigue !

Après la journée de marche et une fraîche toilette dans la neige, c'est l'heure des pâtes !!!

De Yosemite Point, la vue sur le Half Dome, c'est quelque chose !

Découvrez plus de photos dans notre album "Cascades tonitruantes et dômes de granit du Yosemite"

Nous nous sommes promis de nous reposer au Mexique, en Basse-Californie, une fois que nous aurons passé la frontière, le 12 avril prochain. Nos 6 mois dans l'ouest des États-Unis auront été intensifs mine de rien. Vous imaginez Alex en train de buller, allongé sur une serviette à faire du recto-verso sur une plage de sable chaud ? Promis, j'enverrai une photo ! 

A bientôt !

Les Galopères. 

Février 2016, les fabuleux contrastes du désert du Grand Ouest

Après avoir vraiment apprécié le Sud-Est de l'Utah avec les Parcs de Zion et de Bryce en particulier, nous nous rapprochons de l'Arizona pour rejoindre le Grand Canyon. Le début du mois de février est alors pour nous un temps de "rencontres de la route". Nous croisons tout d'abord la route de Jeanne et Mathieu avec leurs deux enfants, de Haute-Savoie, que nous avons rencontrés la première fois à Zion. A bord de leur camion Man, nous arriverons même à nous retrouver à 7 autour de la table, le temps d'un repas, un record ! Heike est aussi de la partie ce soir-là. Ayant quitté l'Allemagne il y a 3 ans, vers l'Europe de l'Est puis l'Asie, avant de traverser le Pacifique, elle voyage à vélo. Lorsque nous faisons sa connaissance, elle avait prévu de dormir dans les toilettes du parking, "pour se mettre au chaud". Dans le salon du Man, le temps est alors au partage des aventures et des mésaventures de chacun. Toutes ces anecdotes de voyage méritent bien d'être appréciées avec une bonne bière, un guacamole et quelques graines de citrouille à picorer !

Puis au Grand Canyon, admirant un beau renard gris faisant sa sieste au soleil dans la falaise, c'est ainsi que nous rencontrons Célia et Cédrique, de Belgique. Ils arrivent de l'Est Américain, à vélo eux-aussi. Ils apprécient à ce moment-là d'avoir raccroché leurs vélos pour une voiture de location, pouvant avaler plus facilement les kilomètres pour leurs dernières semaines dans l'Ouest Américain. Ce sont de nouvelles têtes avec qui nous partageons un petit bout de chemin, nous retrouvant même plusieurs fois. Nos routes se suivent un peu et aussi les accroches ont été bonnes. Il est vrai que ces moments font du bien à chacun de nous dans le quotidien du voyage, comme un "petit souffle d'air frais social". Puis chacun repart dans différentes directions, sur différents chemins, avec différents projets... Nous ne pouvons nous dire qu'à bientôt ! Qui sait ?!

Point de vue incontournable en arrivant en Arizona, Horseshoe Bend

L'Utah est véritablement une terre de canyons. Mais l'Arizona est l’État de celui que l'on appelle le Grand ! Il nous apparaît d'ailleurs presque trop grand pour notre échelle de petit humain que nous sommes. Ce sont 2 milliards d'années de géologie qui se dévoilent dans cette gigantesque faille de 1500 mètres de profondeur moyenne. Ce n'est pas rien d'avoir sous nos pieds la demi-vie de la Terre mise à nu par la Colorado River, années après années ! Nous resterons sur les hauteurs, les sentiers tout au fond du canyon nous apparaissent cheminer si loin dans les profondeurs du canyon... Cela nous décourage un peu. Pour vraiment en profiter, il faudrait vraiment s'accorder 1 à 2 semaines et s'offrir les services d'une mule comme cela se fait depuis plus de 150 ans. Ainsi, se serait se retrouver au cœur du canyon et l'admirer du bas. Bien que nous ayons 136 chevaux, nous n'avons malheureusement pas trop le temps. Nous nous sommes donnés rendez-vous avec Kurt de Salt Lake City. Il travaille sur la course de "King of The Hammers" en Californie quelques jours plus tard, soit début février. Nous allons devoir rouler pas mal pour y arriver à temps ! 

Contemplation sur le South Rim du Grand Canyon

Plus de photos dans notre album "Arizona, l'Etat du Grand Canyon"

Les 4 voies de la Highway 40 deviennent notre route et les rapides semi-remorques, nos compagnons de route, pour rejoindre assez vite le Parc National de la Forêt Pétrifiée que nous ne voulons absolument pas manquer. Nous y retrouvons Cédrique et Célia avec grand plaisir ! Ce n'est pas très difficile car nous ne croisons pas grand monde en cette période où le tourisme ne bat pas son plein. En découvrant cette forêt pétrifiée au cœur d'une immense plaine désertique, nous admirons, comme nous le dit si bien Cédrique, une "magnifique catastrophe écologique". Ce jour-là, elle est d'ailleurs particulièrement sublimée par cet épouvantable vent ! La présence de tous ces arbres devenus pierres évoque l'époque d'une forêt équatoriale luxuriante similaire à celle que nous trouverons au Costa-Rica par exemple. Mais c'était il y quelques millions d'années !

Un joli coup de hache qui dévoile le coeur de ces bûches coloré par les minéraux 
Célia et Cédrique dans les Badlands de Blue Mesa où les "mudstones" regorgent de troncs pétrifiés 

Pour découvrir davantage de photos, suivez le lien ici !

Le vent sur la plaine d'Arizona n'annonçait rien de bon. Mais l'avantage de ce plat pays, c'est que nous pouvons voir le mauvais temps arriver, et de loin ! Cela ne nous a pas empêchés de nous retrouver sur la route, le soir, en pleine tempête de neige ! Une bonne nuit ensuite pour un nouveau record de température négative dans la voiture pendant la nuit : -16°C ! 

Après avoir été bien refroidis par cette arrivée de neige soudaine, nous reprenons la route une fois que le soleil pointe le nez. Nous nous rapprochons de notre lieu de rendez-vous et nous nous accordons de lever un peu le pied de l’accélérateur en prenant la route 66, la fameuse ! Nous sommes forcés de constater que la route 66 n'est plus que l'ombre d'elle-même, découpée en portions déconnectées les unes des autres. Ce que nous y découvrons nous laisse perplexe. Tout s'effondre comme si cela avait été abandonné du jour au lendemain. Il est vrai que ce désert ne donne pas réellement envie de s'y installer. Il est magnifique, il y fait bon en cette période de l'année mais nous comprenons bien que personne n'ait envie d'y rester. 

Histoire d'une route marquée par le temps...

Par contre, le désert peut devenir très animé le temps d'une semaine en ce mois de février. La course de "King of The Hammers", c'est pour nous du grand spectacle, dans un terrain de jeu de sable et de rocs qui ébranlent à peine les engins rugissants. Nous pouvons même les entendre râler ces engins quand leurs pilotes les lancent dans un mur de roches parfois presque vertical. Techniques et sûrement brutes à la fois, ils conduisent à pleine vitesse ces véhicules robustes tout juste sortis de Mad Max. 

Un véhicule à toute épreuve !

Dans la plaine où des milliers de caravanes se sont installées pour la semaine dans ces "Public Lands", c'est l'effervescence. Tous ces passionnés d'engins motorisés s'éclatent dans une ambiance poussiéreuse. Ils arrivent de partout sur les pistes, hyperactifs, à motos, en quads ou en 4x4, nous devons être à l'affût de ce tout ce qu'il se passe autour de nous. On dirait une véritable ruche, dopée à la bière et aux barbecues pour l'occasion ! Seul bémol, nous ne pourrons pas retrouver Kurt et Dave dans cette foule !

Du monde est au rendez-vous ! 
Coucher de soleil poussiéreux sur la Johnson Valley
  
King of The Hammers, Ambiance en vidéo ! 
 


Trouvez d'autres photos dans notre album "King Of The Hammers, une course à l'américaine" ! 
 
Le contraste est saisissant une fois que nous arrivons dans la si calme Réserve de Mojave où nous savourons de prendre le temps. Tout est tellement plus facile lorsque les températures sont douces dès le petit matin. Pas besoin d'enfiler des épaisseurs avant de mettre le nez à l'extérieur de notre petit nid pour au final avoir l'onglet en touchant n'importe quoi. Sans parler de se brûler la langue en voulant se réchauffer trop vite avec un bol de thé trop chaud ! Nous aimons passer du temps dehors pour cuisiner ou pour manger tous les deux assis sur la ridelle. Ouvrir en grand, ranger la voiture avant de reprendre la route ou y bidouiller est tellement plus agréable ! Juste avant de rejoindre Las Vegas, cette halte nous fait du bien ! Sans compter qu'en plus, alors que nous n'avions pas vraiment d'idée de là où nous posions les roues, la Mojave National Preserve est pour nous une très bonne surprise. Entre son paysage de dunes, ses lits de lave et la Mojave Road, magnifique piste qui se promène au milieu de la forêt de yuccas, ces paysages sont étonnants !

Terres volcaniques de Mojave où s'épanouissent les yuccas

Découvrez en photos les surprises de Mojave !
   
Une fois à Las Vegas, nous retrouvons de nouveau Célia et Cédrique. Un coup de bol dans cet immense pays, ils allaient juste y passer lorsque nous y arrivions ! Nous empruntons tous les 4 le fameux boulevard du Strip où les hôtels se veulent plus exubérants les uns que les autres. Nous traversons les casinos, de l'un à l'autre, les ambiances sont différentes, de la fête foraine familiale aux galeries de luxe. Le spectacle est partout à l'extérieur, stimulant tous les sens et bizarrement, dans les casinos, les stimulations vont toutes vers un même et puissant but : l'obsession pour le jeu. Les notions de temps n'existent plus, les lumières de la nuit et du jour se mélangent. Pas besoin de se déplacer, tout est servi "à domicile" quand on campe devant sa machine bruyante de promesse de gains. Il nous fallait vraiment y faire un tour, c'est à voir ! 

Visite parisienne sur le grand boulevard lumineux du Strip
Rendez-vous en Italie dans les rues factices du Caesar Palace

Vous en voulez plus ? C'est dans notre album "Las Vegas, une ville de lumière au coeur du désert du Nevada"
   
Jusqu'aux frontières de la Death Valley, nous continuons à trouver sur la route des casinos qui font fleurir les villes du Nevada. La sur-stimulation qui règne à Vegas est bien derrière nous maintenant et nos sens retrouvent de la douceur dans la Death Valley. Oui oui, vous avez bien lu, de la douceur dans la Death Valley ! 

Les douces courbes des mauvaises terres de la Death Valley

Nous ne découvrons pas du tout une vallée de mort, aride à l'extrême comme nous l'avions imaginé, mais bien une vallée de vie ! Nous apprécions encore une fois la chance que nous avons de voyager dans l'Ouest Américain en hiver. Même si les températures grimpent jusqu'à 36°C en ce mois de février, c'est le printemps. Nous arrivons exactement au moment du boum floral, "the bloom" ! Alors que nous rejoignons un endroit où nous comptons passer la nuit, il fait déjà presque nuit... Toutefois,  les collines sombres autour de nous paraissent lumineuses. Mais c'est surtout notre nez notre meilleur indicateur. La senteur mielleuse de cet or du désert "régale" nos narines grandes ouvertes, cette douce odeur sucrée nous faisant oublier celle de la poussière. Et au réveil, nous en prenons plein la vue, nous sommes au beau milieu d'un champ de fleurs ! 

 "Gold Desert" (Geraea canescens) porte bien son nom d'or du désert !
Sur l'étendue de boue de Racetracks, même les pierres de la Death Valley sont vivantes et font la course ! 

Les fleurs n'ont pas encore l'air de souffrir de ces températures pour nous estivales. Nous nous trouvons dans l'endroit le plus chaud des États-Unis où a déjà été enregistré 59°C en plein été... Malgré tout, même si nous apprécions cette chaleur, c'est un peu excessif quand on pense que nous avions -16°C quelques jours auparavant. 

Les Dunes Eureka, au nord de la Death Valley, sont les plus hautes dunes de Californie avec leurs 200 mètres de haut

Nous avons bien l'intention de remonter vers le Nord, en particulier jusqu'en Oregon, espérant bien skier de nouveau sur notre route dans la Sierra Nevada ou dans la Chaîne des Cascades. A peine sortis de la Death Valley, la neige n'est pas loin ! Nous allons avoir à nous acclimater de nouveau, nous emmitoufler dans nos doudounes par 12°C nous donne l'impression que nous sommes devenus frileux !

A très bientôt,

Les Galopères.  

Janvier 2016, Notre vie d'hiver en Utah


Ce nouvel article commence pour nous lorsque l'année 2015 touche à sa fin... Santa Klaus, dans sa grande générosité de Noël, a apporté le 24 décembre au soir, sur Salt Lake City et les Wasatch Mountains, de grandes quantités de neige fraîche et légère à grands coups de rafales de vent. Le soir de Noël avait été calme pour nous. Nous étions allés faire un tour admirer les illuminations de Noël au centre-ville de Salt Lake City, et en particulier à Temple Square où de nombreuses familles mormones se retrouvent pour célébrer Noël... Et lorsque nous avons repris la route vers notre lieu de campement, la tempête de neige est arrivée sur nous, nous enveloppant furieusement dans son grand manteau floconneux... 

Magie de Noël à Temple Square, Salt Lake City.

Nous aurions bien aimé aller skier le 25 décembre alors que tout le monde est au chaud à la maison. Ils sont en train d'ouvrir les précieux présents que Barbe Blanche a déposé pour chacun, avant de se lancer dans la cuisson de la fameuse et savoureuse dinde rôtie du Christmas Dinner... Malheureusement, la tempête furieuse en a décidé autrement. Tandis que notre chauffage se met en route pour réchauffer le moteur, son doux ronron tel un réveil programmé par nos soins, nous sortons doucement de notre sommeil. Le vent rugit dehors et nous n'osons pas bouger dans notre duvet, de peur d'y faire entrer l'air froid qui règne dans notre chambre. Il faut dire qu'à cette période-là, nous aurons eu jusqu'à -26°C durant la nuit à l'extérieur de la voiture. Autant dire qu'un -12°C dedans, ça semble tout doux ! Nos duvets de plume d'oie sont bien suffisants et pour le jour de Noël, nous nous faisons le cadeau d'une bonne grasse matinée ! De toute façon, pour le ski, ce n'est pas possible aujourd'hui ! 

Dormir dans la voiture, c'est une chose. Mais vivre la majorité de la journée dehors comme nous le faisions jusqu'à maintenant est alors devenu un peu difficile. Nous prenons alors un maximum de repas au chaud. En cette période de vacances de Noël, nous apprécions énormément l'abus de chocolats chauds, matin, midi et soir ! Pour ce qui est de la douche et de la préparation du thé du matin, nous oublions très vite ! Tout est gelé dans les tuyaux. Nous attendons le dégel et profitons du confort des longues douches chaudes que nous prenons dans des haltes pour routiers. Parfois, même la salle d'un Mc Donalds peut devenir un vrai salon quand on cherche à éviter de mettre le nez dehors. Il ne manque qu'une cheminée ! 

Neige fraîche en vue !



A ce moment là, nos skis sont déjà prêts, montés et fraîchement fartés chez Royal. Elles s'impatientent les planches et ça commence à nous démanger d'y aller ! Toutefois, avec ces tempêtes que nous avons prises sur Salt Lake City, il va nous falloir être patients. Les conditions sont trop mauvaises et avalancheuses avec un risque 5... Mais le beau temps revient vite et malgré le froid, la montagne nous appelle. Les peaux sont collées sous les skis, Arva Pelle et Sonde embarqués dans le sac. Il ne nous reste plus qu'à souffler sur nos doigts pour les réchauffer un peu, faire glisser les skis pas après pas et lentement, nous arrivons là où nous voyons culminer les Wasatch Mountains. Nous voilà prêts à faire notre première trace dans une délicieuse neige toute poudreuse. 

 
Une barre et ça repart !

Avec l'hiver, de nombreuses routes sont fermées et avoir des skis a tout son intérêt pour nous. Avec ces températures, il fait bon de monter pour se réchauffer et c'est encore mieux lorsque nous atteignons des sources d'eau chaude fumantes au milieu du paysage enneigé. Ah que c'était bon ! Avec -15°C, pouvoir rester une heure et demi dans un bon bain à 40°C, ce n'est que du bonheur ! Le souci en ski, c'est qu'il vaut mieux éviter de tomber. Surtout pour finir l'année, un 31 décembre ! Et oui, mon épaule prend un coup et nous mettons de côté le ski quelques temps pour mettre au repos mon articulation douloureuse. Une bonne écharpe, du baume du tigre mais surtout un kiné attentionné et mon épaule se remet suffisamment vite. 

Détente parfaite, il ne manque que les bulles ! 

Nous rechaussons les skis quelques jours après, en prenant soin de ne pas avoir à trop pousser sur les bâtons en montée. C'est ainsi que nous avons rejoint le point de vue sur la plus grande mine à ciel ouvert de cuivre du monde qui se trouve à Salt Lake City. Impressionnante vue d'en haut alors que les tombereaux nous paraissent être des camions miniatures, tout au fond de la mine. Indispensables à la montée dans une neige ramollie où, en chaussures seulement, nous nous fatiguerions doublement à marcher, les skis sont alors nos meilleurs amis pour redescendre les 16 kilomètres de piste qui nous séparent de notre maison à 4 roues. Il les fallait bien pour bien descendre plus vite ! La journée a été longue ! 

La mine Kennecott, toute une montagne creusée pour l'extraction du cuivre

Notre album de Noël est ici !

Après presque 3 semaines à Salt Lake City, nous n'avons pas oublié que nous sommes déjà aux Etats-Unis depuis presque 3 mois... Autant dire que nous sommes à la moitié de notre séjour autorisé aux Etats-Unis. Déjà ! Il nous reste donc 3 nouveaux mois avant de passer la frontière avec le Mexique. C'est le temps pour nous de dire au revoir à Salt Lake City pour rejoindre le Sud-Ouest de l'Utah. Mais avant tout, après avoir été pour nous de véritables clés pour ouvrir les trésors de l'Utah, nous allons ramener cartes et livres à leurs propriétaires respectifs, accompagnés de quelques chocolats. Encore une fois, nous ne pouvons pas vraiment dire au revoir mais plutôt "à bientôt" car nous aimerions bien les revoir un de ces jours... Et il faut bien dire que l'Utah reste un sacré coup de coeur pour nous aux Etats-Unis. Sur les 6 mois passés ici, nous nous sommes régalés 2 mois entiers en Utah... On s'y est attaché à ce petit coin de Terre... 

Dans le Sud-Ouest de l'Utah se trouvent les Parcs Nationaux de Zion et Bryce canyons, incontournables bien sûr ! Encore une fois, le voyage hivernal ouvre les portes de paradis presque déserts ! Le canyon profond de Zion et ses immenses parois de grès d'un éclatant rouge corail sont aussi silencieux que les ruisseaux, figés par le gel. Nous entendons le silence et parfois, il est à peine perturbé par les avalanches de neige si légères qu'elles ressemblent à un voile. Les idées de photos viennent les unes après les autres dans l'imagination d'Alex et cela a quelques exigences. La photographie, c'est du sport. Alexandre aura été 3 fois au sommet d'Angel's landing, la fameuse randonnée vertigineuse de Zion. Une fois pour voir, une deuxième fois pour le coucher du soleil, quand les lumières sont les plus belles et enfin, une troisième fois, de nuit, sous le projecteur de la lune ronde. 

Le canyon de Zion, de la neige jusqu'aux genoux et la crête d'Angel's landing
Éclatant Grès Navajo !

Toutes nos photos de Zion sont dans notre album "Au pays des Merveilles de Zion"

A Bryce Canyon, c'est un tout autre paysage qui nous attend. Ce Parc National ressemble à un grand jardin où les formations géologiques s'animent sous la lumière du soleil. Les fameux hoodoos de Bryce se parent de leurs plus belles couleurs au moment du crépuscule. Encore une fois, c'est la géologie qui fait le spectacle en Utah !  Parce que les pistes ne sont pas très bonnes à cause de la neige et de la boue, nous préférons les éviter et de ce fait, nous reprenons la même route qui nous mène de nouveau à... Zion ! C'est parfait pour faire ce que nous n'avions pas eu le temps de faire comme le canyon de Subway. Les rangers étaient hésitants à nous donner un permis. Après les avoir rassurés sur le fait que nous étions capables de nous y rendre et que nous avions le matériel nécessaire pour le canyon et parfait pour les conditions glacées du moment (corde, baudriers, crampons...), nous avons eu le permis de nous engager dans la zone sauvage de Zion ! 

La "ville silencieuse" de Bryce Canyon, comme peuplée de personnages pétrifiés

Découvrez notre album de Bryce Canyon "Poetry in Stone"

Il faut savoir qu'est instauré un permis dans de nombreuses zones des Parcs Nationaux. Ce n'est pas toujours parce que les randonnées sont techniques, mais c'est bien parce que trop de personnes dans le même endroit en même temps, ça peut faire de sacrés dégâts ! En 1997, 800 personnes se sont retrouvées le même jour dans le canyon de Subway qui ressemble à un tunnel de métro, à la saison parfaite pour les inondations flash. Autant dire que c'est pas si mal de réguler un petit peu la fréquentation pour la sécurité de tous ! Nous rendrons surement certaines personnes jalouses en disant que nous nous sommes retrouvés seuls ! Complètement seuls !  Nous avions prévu de louer chaussures et pantalon de canyoning mais au final, l'achat des chaussettes en néoprène retraitées aura été largement suffisant pour explorer ce canyon en hiver ! 

Le canyon de Subway en mode hivernal
Le Grand Staircase Escalante National Monument est aussi une terre de canyons étroits

Aujourd'hui, nous voici en Arizona d'où nous écrivons ! Nouvel état, nouvelles aventures à venir !

A très bientôt !

Les Galopères