Novembre 2015, Partons explorer !


De volcan en volcan, nous avons continué notre route vers celui que nombreux appellent le "Super Volcan". C'est ainsi que nous sommes arrivés aux portes du Yellowstone, juste avant que le parc ne ferme ses portes, le 2 novembre, pour l'hiver...


Après avoir passé 5 jours dans le Yellowstone, nous avons bien pris conscience que nous étions bien haut sur notre volcan géant ! En quittant le parc par le Nord-Est, nous avons laissé derrière nous des paysages parés de neige fraîche, prêts à s'envelopper dans le grand calme hivernal... C'est vers les plaines du Montana, 1000 mètres plus bas, que la route nous a conduit. Le changement de décor a été radical tout comme le changement de température. Nous avons retrouvé les immenses plaines sèches du Montana, paysages où le ciel est si grand que cet état a été nommé le "Big Country Sky". L'herbe jaunie est parsemée de milliers de petites vaches noires qui ont tout l'espace qu'elles désirent si elles souhaitent s'isoler des autres un peu... Parfois, ce sont des antilopes d'Amérique, les pronghorns, qui paissent en grand nombre non loin de la route. Des routes, il n'y en a pas des quantités mais elles suffisent pour rallier les hommes pétris par la culture de l'Ouest. Chaque maison trouvée sur notre route est un ranch et nous ne sommes pas surpris de rencontrer de nombreuses personnes portant chapeau, chemise et santiags. 


En étant sans adresse fixe, le manque de boîte aux lettres nous oblige parfois à rester autour de la même ville quelques temps, le temps de recevoir des commandes de matériel par exemple. Nous nous sommes donc arrêtés à Billings une semaine, le temps de recevoir les poulies du rail d'Alexandre pour réaliser des timelapses. A l'approche des grands parcs de l'Ouest Américain et de la promesse de paysages magnifiques, nous ne pouvions pas faire l'impasse sur le matériel photo... Nous devions aussi saisir l'occasion d'avoir du temps et de l'espace pour faire un peu de mécanique... Tandis qu'il nous avait été un peu difficile de trouver des coins pour bivouaquer juste après avoir passé la frontière, dans l'état de Washington, ici, de nombreuses aires récréatives offrent de très agréables espaces de camping sauvage et gratuit. L'endroit idéal pour s'installer et sortir les outils pour un jour ou deux !

Opération mécanique, à Columbus, Montana

Une fois que le temps a été au beau fixe, c'était le moment de s'y mettre ! Notre chauffage Eberspacher n'était toujours pas réparé après qu'il ait brûlé cet été. Une fuite non détectée dans le circuit de liquide de refroidissement avait dû finir par occasionner une surchauffe. En ouvrant l'engin, nous avons vite découvert que le ventilateur de la chaudière ressemblait plus à un bout de plastique fondu qu'à un ventilateur ! A laisser passer trop de temps, il allait commencer à faire sérieusement froid et ça allait être encore plus dur de s'y atteler. Nous prenons notre courage à deux mains. Nous faisons du feu, nous mettons des gants et un bonnet et c'est parti pour une grosse journée de mécanique à 0°C et dans le vent. Heureusement que le feu est là pour réchauffer les mains de temps en temps. 

Inspection du moyeu

Tant bien que mal, Alex fait l'opération du chauffage à cœur ouvert tandis que de mon côté, dès qu'il n'a pas besoin de moi, je fais du pain bannock, profitant aussi du feu. J'en aurais fait trois ce jour-là dans notre dutch oven, améliorant la technique de cuisson, l'un après l'autre. Je ne me sens pas encore capable d'y préparer des gâteaux sophistiqués pour le moment, mais ça viendra ! Sitôt cuit, nous avalons de grandes bouchées de pain chaud pour garder notre énergie. Nous ne viendrons à bout de cette réparation que le lendemain matin, abandonnant toute initiative de retrouver les vis tombées au sol sous la voiture dans la nuit noire. Heureusement, nous avons du stock !

Pain bannock réussi ! Vous trouverez la recette ici !

Lorsque nous avions fait notre vidange et fait tourner nos 6 pneus comme nous en avons l'habitude tous les 10000 kilomètres, nous avons constaté que notre disque de frein avant gauche était recouvert de graisse ou d'huile... Un problème avec le moyeu ? Une fuite du pont dans le moyeu ? Pas difficile de savoir, juste besoin d'ouvrir. Effectivement, le joint spi du pont avait dû lâcher vu la quantité d'huile que nous avons trouvé dans la graisse du moyeu. N'ayant pas les pièces sous la main, nous avons tout remonté, constatant que ça nous avait fait du bien de reprendre nos marques. Nous serons plus à l'aise lorsque nous aurons à ouvrir de nouveau pour changer les joints. L'avoir déjà fait en 2012 remonte à loin, ça valait vraiment le coup de faire un petit rafraîchissement de mémoire ! Rien d'alarmant, cela n'empêche pas de rouler mais nous préférons changer ça le plus vite possible.

C'est ainsi que nous avons dû nous décider de la route à prendre en quittant Billings. Priorité : trouver les pièces en prenant des références de spécialistes de Land Cruisers via le forum d'IH8MUD. C'est grâce à ce forum notamment que nous avons eu la chance de rencontrer Peter, Kevin, Tyler et Charla qui nous ont permis de réparer notre transmission en mai dernier, au Canada. Nous avions le choix entre deux destinations : prendre la route vers l'Est, le Colorado et Denver ? Ou nous diriger au Sud, vers l'Utah et Salt Lake City ? Nous avons fait le choix de l'Utah, un peu par intuition, sans nous douter vraiment que nous allions nous diriger vers la Mecque des Land Cruisers...

Sur la route de Salt Lake City, dans le Wyoming, les chevaux sauvages ne sont pas rares

Plus de 800 kilomètres nous séparent de Salt Lake City. Les poulies récupérées à Billings, nous nous mettons en route, décidés à traverser le Montana et le Wyoming, l'état le moins peuplé des États-Unis. Tandis que nous avons des difficultés à trouver de l'eau vu que tout est coupé à cause des températures, nous sommes amenés à demander de l'aide dans un cabinet de dépistage des problèmes d'audition à Cody. La secrétaire, qui nous autorise à prendre de l'eau, nous explique que ses grands parents travaillaient pour Buffalo Bill au début du 20ème siècle et que la ville n'existe que depuis 4 générations. Les tribus indiennes étaient là depuis longtemps certes, mais nous comprenons vite pourquoi personne ne s'est vraiment installé ici avant. Bien que magnifique, la rudesse du lieu n'en fait pas une terre très accueillante. Nous nous en rendrons compte au cours de la nuit passée sur les hauteurs de Cody, à l'ouest du Yellowstone. Nous nous étions installés face à la ville illuminée dans le calme de la nuit, en position pour le lever du soleil. Mais entre temps, le vent s'est levé, bien décidé à nous chahuter violemment pendant des heures. Pas difficile de comprendre pourquoi les arbres ont choisi de pousser ailleurs que dans ces plaines...

Lever de soleil turbulent sur les hauteurs de Cody, Wyoming.

Nos photos des grands espaces du Montana et du Wyoming sont ici !

En Utah, c'est Kurt de Cruiser Outfitters que nous avons contacté au sujet des pièces. Il nous a garanti qu'il avait tout ce dont nous avions besoin pour fixer notre problème. Il était même prêt à nous laisser un petit espace de son garage si nous avions besoin de place pour faire la réparation. Tout juste arrivés, nous nous retrouvons à échanger avec Kurt à propos de Peter et Charla qu'il connaît. Une nouvelle fois, nous nous rendons compte que le milieu des Land Cruisers est un petit monde et que pour ce monde, Toyota est une grande famille... Kurt nous a proposé 3 types de joint spi. Nous n'en connaissions que 2 en France : l'adaptable et la qualité origine... Un conseil Kurt ? Nous avons donc pris le joint spi heavy duty, avec celui-là, aucune chance que ça lâche !

Le temps est parfait, la température affiche 15°C dehors. Nous sautons dans la voiture, nous éloignons un peu de Salt Lake City et nous changeons le joint dans la foulée. Le nez sorti de derrière le pneu, nous décidons d'aller faire un petit tour sur l'île qui se trouve au milieu du Grand Lac Salé de Salt Lake City, Antelope Island. Encore une fois, les paysages sont si vastes, si étendus que nous avons l'impression que le ciel prend toute la place. Mais aussi que nous sommes vraiment tous petits ! Le lac s'étend sur des kilomètres et des kilomètres. Il est impossible d'en voir le bout. Sur ses rives, là-bas, les montagnes sont si loin qu'Alexandre est obligé de prendre un téléobjectif pour faire des photos de paysages ! 

L'espace est infini en Utah !

Nos premiers pas en Utah sont en photos dans notre album "Welcome in Utah" !

Kurt nous invite le lendemain à un déjeuner avec un copain à lui, Dave. Les voici qu'ils sortent devant nous la carte de l'Utah et nous offrent de précieux conseils sur cet état qu'ils affectionnent particulièrement. Même si les deux partent le lendemain pour participer à la course en Basse Californie, la Baja, nous voyons bien que leurs yeux se mettent à briller en évoquant leurs voyages passés. Ils ont cette folle envie de repartir, comme nous, qui les démange très sérieusement. Il faut savoir que chacun d'eux a été au moins une fois déjà à Ushuaïa... Nous y serons un jour mais d'abord, ici, en Utah, tant que nous ne sommes pas dans les parcs nationaux, il est possible de s'arrêter où l'on veut pour établir son camp, faire du feu et le réseau de pistes est impressionnant pour aller explorer où bon nous semble. En nous confiant ses cartes de l'Utah et de l'Arizona pour que surtout nous les utilisions, Dave nous explique qu'il ne nous donnera aucun bon plan sur là où il faut aller et ce qu'il faut faire ici. Nous avons réparé notre fuite, nous avons les cartes en mains, Kurt et Dave nous donnent ainsi les outils et l'élan pour partir explorer l'Utah...

Antelope Island, sur le Grand Lac Salé, est accessible grâce à une digue de 7 miles

Il faut savoir qu'à Salt Lake City se trouve le Land Cruiser Museum qui est composé de la collection privée de Land Cruisers de Greg Miller. Avec Kurt entre autres, celui-ci a terminé il y a un peu plus d'un an une expédition en Land Cruisers, traversant 7 continents dont l’Antarctique. Tout juste après avoir terminé de manger ensemble, Kurt récupère les clefs pour nous et nous embarque au paradis des Toyotas ! Non seulement sont exposés plusieurs véhicules de l'expédition, comme le VDJ78R de 2012, mais il possède surtout une quarantaine de Land Cruisers, le plus ancien étant le FJ25 de 1959. Entre ces deux modèles, des séries 4 au séries 10, tous les Land Cruisers sont représentés ! Certains des véhicules n'ont même pas 20 000 kilomètres. Sans parler de ceux, plus de 20 ans après qu'ils aient été montés, qui ont encore le plastique de protection sur les sièges... 

Les fidèles compagnons de route des membres d'Expeditions7, comme neufs...

"Petite collection" de Séries 4

Toutes les photos du Museum sont ici

La neige tombe sur Salt Lake City, nous nous mettons au chaud en travaillant à la bibliothèque... Nous sommes sur un petit nuage en pensant à ces rencontres des derniers jours et en pensant à tout ce qui nous attend de bon en Utah. Tandis qu'il est tard, que nous sommes encore les derniers à sortir de la bibliothèque, je trouve deux magazines "Toyota Trails" (magazines de Toyota Land Cruiser Association) accompagnés d'un petit mot. Passionné de Land Cruiser, Royal a beaucoup aimé le nôtre et souhaite nous rencontrer. C'est ainsi que pour la première fois, sans que la force des choses ne nous y oblige, comme un problème de transmission ou une "route de la mort", nous nous sommes laissés inviter à manger. Et la rencontre avec Royal et sa famille a été un très bon moment,  nous rendant compte que nous partageons bien plus qu'une passion commune. 

Vue de notre salon sur le lac de Provo, Utah.

C'est avec de nouveaux outils que nous avons quitté la maison de Royal. Un manuel off-road de l'Utah, un guide des randonnées du plateau du Colorado et un livre sur la géologie de l'Utah sous le bras, nous n'avions plus qu'à suivre le conseil de Kurt, de Dave et de Royal : Partez explorer ! Ce que nous nous sommes empressés de faire en allant rejoindre les pistes de terre rouge qui mènent à Moab, la Mecque des Land Cruisers, et pas que !

Partons explorer !

Nous avons un peu moins d'un mois devant nous pour aller où le cœur nous en dit en Utah. Puis nous reviendrons à Salt Lake où nous avons pris deux rendez-vous ! L'un avec Kurt et un groupe de passionnés pour aller voir le lever du soleil pour le solstice d'hiver sur le Lac de Bonneville. L'autre, c'est Royal et sa famille que nous comptons bien retrouver pour partager un nouveau bon moment ensemble. Aux alentours de Noël, nous savons que nous serons bien entourés !

À bientôt

Les Galopères

Défilé d'automne du Yellowstone


"Au Mont St Helens, il est possible d'y marcher... Au Yellowstone, tu peux y conduire dedans pendant des jours... " nous a dit un américain de Seattle. Lui et sa femme avait toujours vécu dans l'état de Washington et puis un jour, une fois à la retraite, ils se sont dit qu'ils allaient découvrir leur pays... Et c'est ainsi que nous les avons rencontrés dans le parc du Yellowstone... Eux avaient vécu la catastrophe du Mont St Helens, de loin, mais assez près pour que toute leur vie ils s'en rappellent... Nous arrivions tout juste du Mont St Helens lorsque nous sommes entrés dans le parc du Yellowstone, fin octobre, par l'Ouest. Nous avons très vite compris que nous n'avions pas affaire à un volcan de la même échelle. Avec une caldeira, c'est à dire un cratère de 45 kilomètres de large sur 85 de long, il avait toutes les raisons de nous mettre un peu les miquettes ce super volcan ! 

Fumante place qu'est la plaine de Old Faithful
 
Pourtant, ce n'est pas un paysage de destruction que nous avons trouvé mais bien un paysage de vie : celui de la Terre bien vivante ! L'accueil qu'elle nous fait est un festival de sources d'eau chaude bouillonnantes et fumantes, de fumerolles, de geysers jaillissants, de chaudrons de boue et leurs grosses bulles puantes ! 

Magnifiques couleurs du Grand Prismatic
Les "pots de boue" font de bien jolis pots de peinture !
Festival d'éclaboussures !
En attendant le réveil du geyser
C'est un véritable spectacle de couleurs, des sources bleu turquoise ou en terrasses, aux tapis de micro-organismes thermophiles verts, jaunes ou oranges... Pour chaque température de l'eau est lié un type de bactéries qui s'épanouit dans des conditions adéquates pour lui.... Pour lui seulement malheureusement ! Avec l'hiver qui arrive sur le Yellowstone, tandis que le parc se situe à plus de 2000 mètres, nous ressentons le froid qui s'installe et nous nous y plongerons bien aussi dans ces grands jacuzzis bouillonnants ! 

Se réchauffer dans les vapeurs de soufre

Nous profitons de la chaleur des sources à distance tandis qu'une bourrasque de vent dirige les nuages de vapeur d'eau sur le bout de notre nez refroidi. Pas question de se tremper, à moins de vouloir régler totalement la question du froid en perdant ses doigts ! Les barrières installées partout dans le parc ne sont d'ailleurs pas là pour rien. Tout autour de nous, parfois juste en dessous de nous, l'eau en ébullition cherche un chemin pour rejoindre le grand air. En prenant les petits chemins moins fréquentés, les barrières ne sont plus et entre les sources d'eau chaude, la croûte fume seulement et paraît bien mince. Il faut faire attention à là où l'on marche pour ne pas tomber dans un de ces chaudrons où nous finirions comme un œuf dur ! 

La source "Ojo Caliente"
Les petits sentiers nous ont menés aux sources secrètes du parc

Tandis que les fumerolles se laissent aller au gré du vent, dans le calme du parc, les bisons paissent dans les plaines. Nous en aurons vu des tonnes pendant les cinq jours que nous avons passé dans le parc, ils y sont plus de .... D'apparence tranquille et malgré leurs yeux doux, de nombreux panneaux indiquent qu'il vaut mieux ne pas s'en approcher car ils restent très massifs et leurs accès de colère sont imprévisibles. Tandis que la neige tombe, nous les voyons avancer dans les plaines, seuls ou en groupe, la tête basse pour affronter le vent dont la température est bien loin de celle que l'on trouve sous nos pieds. 

Les femelles et leurs petits se regroupent pour affronter le froid de l'hiver
Par contre, les mâles se la jouent souvent solitaires

Souvent, notre œil est attiré par du mouvement dans les herbes jaunes. C'est un coyote, errant dans la plaine pour essayer d'y trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Et le voici qui s'arrête net, le regard fixé devant lui. Sans bouger, il attend le bon moment, comme pétrifié. Et hop, le voilà qui fait un sacré bond, stoppe sa victime de ses deux pattes avant et la croque toute crue ! 



Une fois, en regardant au-delà du coyote traversant la plaine juste à côté de la route, nous apercevons une masse noire qui ressemble très fortement à un gros chien... Un loup ! Un vrai loup ! Ce mâle solitaire est assez près et nous paraît énorme ! Nous n'avons pas eu la chance de voir des grizzlis, ils sont sûrement déjà au chaud dans leur tanière pour l'hiver. Mais nous nous sentons très chanceux d'avoir aperçu ce loup qui, au bout d'un moment, lasse d'être sous le feu des projecteurs, est parti se cacher du regard des hommes arrêtés au bord de la route. 



Puis nous avons repris notre route, terminant le fameux grand 8 constitué par les routes du parc. En le quittant par le Nord-Est, nous avons laissé derrière nous des espaces prêts à se mettre au repos pour l'hiver. Il n'y a que la Terre qui ne s'arrête jamais de bouillonner de vie, modifiant sans arrêt le paysage du Yellowstone. Nous l'avons découvert un jour mais déjà demain il sera différent. Certains geysers ne jailliront plus, d'autres se fraieront une nouvelle voie. Des sources d'eau chaude se "tariront" et d'autres deviendront vasques de boue avec la présence d'acide sulfurique... Mais dans tous les cas, le Yellowstone restera le parc de la "Pierre Jaune", une histoire sulfureuse !


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 Et lisez la suite de nos aventures dans notre article "Partons explorer !"